De Realtà Mapei n° 34 - 2022-02-09

Ne vous faites pas tremper

Imperméabilisation des douches, des bains de vapeur et des terrasses

Les carreaux de céramique ont été utilisés dans le cadre d’installations en milieu humide tout au long de l’histoire, des bains romains aux cuisines commerciales d’aujourd’hui. Il existe de nombreuses installations de carreaux en milieu humide, notamment les piscines, les spas, les cuisines commerciales, les balcons, les murs extérieurs et les aménagements aquatiques. Toutefois, cet article se concentre sur trois des plus courantes : les douches, les bains de vapeur et les terrasses commerciales extérieures. Il est important de noter que si elles sont conçues et exécutées adéquatement, la plupart des installations de carreaux en milieu humide peuvent durer toute la vie de la structure.


Gestion de l’eau

La clé d’une installation de carreaux en milieu humide est une gestion adéquate de l’eau. Le degré et le type d’imperméabilisation dépendent du type d’installation. Un excellent exemple de principes de gestion adéquate de l’eau réside dans la traditionnelle chape de mortier de la cuvette de douche. Une chape de mortier préinclinée crée la pente nécessaire au drain à une inclinaison de 6 mm par 0,30 m (1/4" par pied). Ensuite, l’imperméabilisation est installée; la plupart du temps, dans cette installation, une membrane d’imperméabilisation pour cuvette de douche en Chloraloy ou en PVC est installée sur la chape préinclinée, ainsi que sur le long des murs et sur le seuil, à un minimum de 7,5 cm (3") au-dessus du seuil fini, comme spécifié ou requis par le code. Comme la membrane d’imperméabilisation pour cuvette de douche n’est généralement pas encollable, une chape de mortier renforcée de treillis est appliquée sur la cuvette de douche et lissée juste en dessous de l’épaisseur des carreaux installés sous le drain. Cette chape de mortier constitue un excellent support d’adhérence pour les carreaux.

Aux murs, la cuvette de douche est recouverte d’un panneau d’appui approprié, tel qu’un panneau de ciment ou une chape de mortier. Les attaches des panneaux de ciment – ou les lattes pour la chape de mortier – doivent être limitées aux 2,5 (1") premiers cm du matériau de la cuvette remontant le long du mur.

Les murs traditionnels de chape de mortier seront installés sur du papier de construction ou une membrane pare-vapeur, puis les lattes seront installées et une couche de fond éraflée de chape de mortier sera appliquée. Pour des transitions imperméables appropriées entre le mur et le sol, le panneau d’appui – avec ou sans pare-vapeur selon le type de panneau d’appui – recouvre la cuvette de douche, de sorte que toute eau ou humidité qui s’infiltre dans l’installation de carreaux est évacuée le long du panneau d’appui ou du pare-vapeur dans la cuvette de douche. L’eau atteint l’imperméabilisation inclinée et est acheminée aux chantepleures du drain, puis dans le drain. Habituellement, les excellents principes de gestion de l’eau adoptent l’approche suivante : l’eau sort de la pomme de douche, tombe le long de membranes qui se chevauchent et s’écoule en pente pour s’évacuer par le drain. Les drains novateurs d’aujourd’hui, qu’ils soient en tranchée, intégraux ou traditionnels, offrent de nombreuses options de rechange à cette méthode traditionnelle. Cependant, lorsqu’installés adéquatement, tous sont extrêmement performants. Tout est une question de gestion de l’eau.


Plein de vapeur, tout en restant imperméable

Une installation similaire, mais très différente est effectuée dans les bains ou les douches de vapeur. Les bains de vapeur doivent gérer l’eau tout comme les douches dotées d’une chape de mortier, mais un bain de vapeur bien conçu implique des principes de construction différents, notamment des joints de mouvement dans les coins, des plafonds inclinés et des sièges. Les plafonds doivent être inclinés d’au moins 5 cm par 0,30 m (2" par pied) pour éviter que la condensation ne s’égoutte sur les occupants. L’inclinaison du plafond à partir du centre peut également réduire le ruissellement sur les murs.

Il y a quelques années, le comité du manuel du TCNA a apporté des changements très importants aux exigences d’application des membranes imperméables dans les Méthodes SR613 et SR614 pour bains de vapeur du manuel du TCNA. Les bains et les douches de vapeur conçus pour une utilisation continue doivent être munis d’une membrane imperméable à perméabilité basse (une membrane imperméable conforme à la norme ANSI A118.10 et présentant une perméance à la vapeur d’eau de 0,5 perm ou moins lorsque testée selon la Procédure E de la norme ASTM E96, à 90 % d’humidité relative et à 37,8 °C [100 °F]). Lorsqu’une membrane imperméable présentant une perméance à la vapeur d’eau supérieure à 0,5 perm est spécifiée, l’utilisation d’un pare-vapeur derrière l’assemblage mural est requise. De plus, le pare-vapeur doit présenter une perméance à la vapeur d’eau inférieure ou égale à 0,1 perm lorsque testé selon la Procédure A de la norme ASTM E96, à une humidité relative de 50 %. Cela permet d’assurer que la membrane imperméable peut fonctionner dans les conditions auxquelles elle sera exposée dans un bain ou une douche de vapeur. Si le test de la Procédure E de la norme E96 échoue, un pare-vapeur doit être ajouté à l’assemblage. Pour l’installation d’un bain de vapeur commercial, consultez les fabricants de matériaux de pose et de panneaux d’appui afin de comprendre l’assemblage approprié nécessaire à la réussite de votre projet de bain ou de douche de vapeur.


Exposition aux éléments

Une grande terrasse extérieure carrelée peut sembler très différente d’une cuvette de douche, mais les principes sont les mêmes : tout est une question de gestion de l’eau. Il s’agit d’éliminer l’eau de la surface de la terrasse aussi rapidement que possible afin de réduire les problèmes liés au gel/dégel et les risques de glissement.

Les Méthodes F103 et F103B pour les terrasses extérieures du manuel du TCNA sont très similaires et, lorsqu’exécutées adéquatement, donnent toutes deux le meilleur assemblage de terrasse extérieure carrelée pour la gestion de l’eau. Ces deux méthodes commencent par un support adéquatement incliné. Pour les constructions commerciales, ce support est généralement en béton. Le béton est incliné vers un drain ou pour permettre à l’eau de s’écouler de la terrasse extérieure à raison de 6 mm par 30 cm (1/4" par pied). Ensuite, une membrane principale pour toiture est installée, puis inclinée de manière à ce que l’eau s’écoule soit dans le drain, soit hors de la terrasse. Toutes les installations extérieures doivent également être imperméabilisées derrière le matériau de finition sur le mur. Pour le stucco, la brique et les revêtements muraux, l’imperméabilisation principale de la terrasse doit remonter le long du mur et se terminer de 10 à 15 cm (4" à 6") derrière le papier de construction du mur, le pare-vapeur résistant aux intempéries ou un plan de drainage similaire dans l’assemblage du mur. Ensuite, sur la membrane principale horizontale, une couche de drainage de 2,5 cm (1") – composée de pierres concassées recouvertes d’un tissu filtrant, ou d’un tapis de drainage doté d’un tissu filtrant préappliqué – est installée. Ce drainage au-dessus d’une membrane principale constitue une étape importante et souvent négligée. Cette étape est essentielle, notamment pour obtenir les meilleures performances dans les endroits exposés aux cycles de gel/dégel. L’eau optera toujours pour le chemin opposant le moins de résistance. Elle souhaite aller dans l’air. Ainsi, lorsqu’elle est adéquatement inclinée, la couche de drainage permet d’évacuer efficacement l’eau vers le drain.

Ensuite, une chape de mortier non encollée et renforcée de treillis est installée, suivie d’une membrane imperméable secondaire et facultative, conforme à la norme ANSI A118.10; d’un coulis de liaisonnement et, enfin, des carreaux. La membrane imperméable secondaire et facultative conforme à la norme ANSI A118.10 peut être spécifiée pour empêcher l’infiltration d’humidité dans la chape de mortier. Certains entrepreneurs préfèrent maintenir l’humidité près de la surface des carreaux, afin qu’elle puisse s’évaporer, plutôt que de laisser l’eau pénétrer dans la chape de mortier. Sans la membrane imperméable secondaire, cette grande terrasse extérieure remplit la même fonction que la cuvette d’une douche ou d’un bain de vapeur. L’eau ou l’humidité causée, par exemple, par la pluie mouille les carreaux et le matériau de pose, pénètre dans la chape de mortier, trempe la membrane imperméable et s’écoule dans le drain.

Ces trois types d’installation de carreaux nécessitent des joints de mouvement adéquatement réalisés selon la Méthode EJ171 du TCNA. Dans les endroits humides, il est essentiel de réaliser des joints de mouvement pour les carreaux dans les douches, les bains de vapeur et les terrasses extérieures. Bien que l’humidité et l’eau n’influent pas sur les carreaux de céramique, ces derniers présentent tout de même un certain degré d’absorption. À sa sortie du four, le carreau est aussi petit qu’il peut l’être. Il est important de permettre le mouvement en raison des changements dans l’assemblage dus à l’absorption des carreaux, à l’humidité et aux fluctuations thermiques dans toutes les installations de carreaux, mais il s’agit d’un point particulièrement important dans les endroits humides.

L’installation de carreaux dans des installations exigeantes comme les douches, les bains de vapeur et les terrasses extérieures n’est pas difficile, mais représente un défi. Une installation ratée dans un endroit humide peut entraîner des réparations très coûteuses non seulement pour l’aire d’installation, mais aussi pour les zones adjacentes et le bâtiment. Les installateurs devraient vraiment obtenir plus de reconnaissance pour l’imperméabilisation adéquatement exécutée des installations de carreaux dans les endroits humides. Ces projets exigent une bonne compréhension de la gestion de l’eau, une sélection de produits appropriés, une planification, de l’expérience, des compétences d’installation et une bonne compréhension des directives et des normes de l’industrie. Si vous tentez l’une de ces installations sans faire attention à ces détails, vous risquez de vous faire tremper.

 

Jim Whitfield

Au sujet de l’auteur :
Jim Whitfield

M. Whitfield est directeur des Services techniques de MAPEI Corporation et a siégé à de nombreux comités de l’industrie au fil du temps. Il est actuellement président de la Materials and Methods Standards Association et a été choisi pour siéger au comité technique de la National Tile Contractors Association (NTCA). Il est aussi membre votant du comité ANSI A108 et du comité du guide du Tile Council of North America. En 2001, il a été reçu à titre d’associé du Construction Specifications Institute (CSI), grâce à sa contribution à l’éducation dans l’industrie de la construction et à son service exemplaire au CSI.

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