De Realtà Mapei n° 25 - 04.11.2025

Qui bâtira si les pros manquent?

La branche de la construction fait face à une situation tendue; nombreuses sont les entreprises qui ont du mal à trouver du personnel qualifié. Selon une étude d’Adecco Group de 2024, trois métiers de la construction se trouvent parmi les catégories professionnelles les plus touchées par le manque de personnel qualifié. La Société Suisse des Entrepreneurs tire la sonnette d’alarme: selon une étude publiée en 2023, d’ici à 2040, 5600 employés qualifiés, soit 16 pour cent des besoins, pourraient manquer. Mais pourquoi les jeunes se désintéressent-ils de plus en plus des carrières de la construction? Et que peut faire la branche pour inverser la tendance?
Pour trouver des réponses à ces questions, nous avons rencontré Nicolò Brivio au Tessin. Professeur en école professionnelle impliqué, les défis lui sont familiers. Il a grandi en Italie, a effectué un apprentissage de carreleur en Suisse et s’est ensuite perfectionné comme chef carreleur. Depuis 2020, il donne des cours à l’école professionnelle de Mendrisio qui compte actuellement deux classes et en comptera trois dès l’année prochaine.

Selon vous, pourquoi la branche de la construction manque-t-elle de jeune main d’oeuvre qualifiée?
Nicolò Brivio: Pour moi, c’est clair: dans notre société, ces professions souffrent d’une image démodée. La branche s’est considérablement professionnalisée, tant au niveau de la formation que des conditions de travail. Depuis plusieurs dizaines d’années, l’image du carreleur a évolué: aujourd’hui, les professionnels accordent beaucoup plus d’importance à leur apparence et soignent leur image. On observe aussi que, pour la majorité des parents, une formation de bureau ou
des études sont perçues comme plus prestigieuses. Même si les jeunes sont attirés par un métier manuel, c’est très difficile pour eux s’ils ne sont pas soutenus par leurs parents.

En quoi le métier de carreleur a-t-il évolué, de façon concrète, ces dernières années?
Désormais, fournir un travail irréprochable ne suffit plus. On doit aussi pouvoir s’entretenir avec les clients, leur expliquer avec des mots simples ce que l’on fait. Cela est particulièrement important, d’autant que les clients sont devenus de plus en plus exigeants et qu’ils savent actuellement comment se renseigner sur Internet (avec ChatGPT par exemple) pour trouver des informations sur le travail du carreleur.

Quelles sont les répercussions du manque de relève quant au développement à long terme de la branche?
L’arrivée à l’âge de la retraite des générations du baby-boom entraînera, dans les cinq à dix prochaines années, le départ à la retraite d’un grand nombre de professionnels de la branche: non seulement de nombreuses places resteront vacantes, mais les connaissances disparaîtront aussi. Ces personnes ont, pour certaines, exercé leur profession pendant 40 ans et elles ont assisté à bien des évolutions au cours du temps. Il est important de transmettre ce savoir.

Quels seront les changements auxquels la branche de la construction se trouvera confrontée dans les années à venir?
Il y aura certainement moins de constructions neuves et l’accent sera mis sur les rénovations. De ce fait, le carreleur devra bien plus souvent aller chez le client et établir une relation de confiance. On recherchera de plus en plus le professionnel en se basant sur le bouche-à-oreille plutôt que sur la notoriété de l’entreprise. À mon avis, les demandes seront beaucoup plus ponctuelles.

Comment faire pour attirer les jeunes dans les métiers de la construction? Certaines initiatives sont-elles déjà en place ou en préparation?
Personnellement, je n’en connais pas. Il faudrait trouver un moyen d’atteindre les jeunes avec une solution «instagrammable». Nous pourrions par exemple créer une page sur les réseaux sociaux et publier des photos de notre travail. Cela permettrait de faire connaître au grand jour ce que nous faisons et de montrer avec quels matériaux de qualité nous travaillons. À l’avenir, on pourrait également envisager de poursuivre d’autres projets comme «MOSART» et renforcer leur diffusion.

Quel a été le retour des apprentis sur le projet «MOSART»?
Ils ont largement apprécié. J’ai été surpris de voir comment ils ont su collaborer et à quel point ils se sont vite rendu compte des points forts de leurs coéquipiers.

 

Malgré les chiffres alarmants et les défis présents dans la branche de la construction, il y a de quoi être confiant. Comme Nicolò Brivio le fait remarquer, il existe une génération de jeunes motivés à faire bouger les choses. L’enjeu est de mettre ces talents en lumière, les encourager de manière ciblée et leur montrer les perspectives qui s’offrent à eux. Avec des initiatives créatives, des moyens de communication modernes et une image de la profession réaliste et positive, la branche peut aller vers de nouveaux horizons et convaincre les carreleuses et les carreleurs de demain.

 

Au Tessin, 18 apprentis carreleurs de 1e et 2e années ont pu participer à un projet tout particulier sous la houlette de leur professeur. Avec 10 000 mosaïques, ils ont réalisé un chef d’oeuvre qui représente le train à crémaillère du Monte Generoso et l’édifice renommé Fiore di pietra de Mario Botta. Les matériaux ont été sponsorisés par notre partenaire tessinois Mapebeton SA.

 

Historique des travaux – MOSART

Tout commence par la reproduction à l’échelle de la Fiore di Pietra et du train à crémaillère du Monte Generoso, afin de placer précisément la mosaïque par couleur. S’en sont suivis de rigoureux travaux de mesure et de découpe.

Produits mentionnés dans l'article

Newsletter / Realtà Mapei

Vous voulez être au courant des nouveautés chez Mapei ?
Alors inscrivez-vous tout simplement à notre newsletter ou à notre magazine Realtà Mapei.